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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/67

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faire. Que les voleurs pillent les diligences, rien de mieux, car chacun doit exercer un métier pour vivre, mais il ne s’ensuit pas de là qu’il faille laisser des voyageurs souffrir la faim. Combien vaut un déjeuner à table.

— Une piastre par tête, répondit l’hôtelier.

— Voici deux onces d’or[1], reprit le magnanime Camote, vous voyez que je puis vous payer, n’est-ce pas ?

— Si señor, dit l’hôtelier.

— Eh bien, cher ami, allez me chercher un jeu de cartes, et nous allons jouer ces dix déjeuners au premier caballo sortant.

— Ma foi, pourquoi pas ! répondit celui-ci, qui avant d’être hôtelier était Mexicain.

Les voyageurs, après avoir chaleureusement remercié Camote de sa généreuse intervention, s’assirent à table et se hâtèrent de rattraper le temps perdu.

Une minute plus tard, Camote jetait un réal sur son banc et disait à l’hôtelier :

— Cher ami et caballero, j’ai gagné les déjeuners de ces messieurs ; voici pour mon plat de frijoles. Soyez donc assez bon pour me donner une cigarette.

  1. L’once d’or vaut de 80 à 85 francs, selon le change.