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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/71

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d’ici, dix voleurs, montés sur d’excellents chevaux, sortent en effet tout à coup de la forêt… Ne pouvant m’imaginer, ce qui dépasse toute croyance, que dix voleurs oseront attaquer six dragons commandés par un officier, je me figure que ces gens-là ne se présentent si hardiment que pour opérer une diversion, et j’ordonne à ma troupe, en vrai tacticien, de se précipiter dans le bois afin de tomber sur le derrière de l’ennemi. Mes soldats m’obéissent avec promptitude et un courage sans pareils… et nous ne recevons pour tous remercîments que des outrages.

— Señor Inglès, dit le sénateur en se retournant vers le Yankee, vos récriminations sont tout à fait injustes. La conduite de ce digne alferez ne prouve qu’une seule chose : c’est que le Mexicain unit au courage du lion la prudence du renard. Cette question de stratégie, que vient de développer si clairement ce brave officier, dénote de sa part une grande connaissance de l’art de la guerre.

— Vous me la donnez belle, avec votre prudence de renard, répondit le Yankee, moins convaincu que jamais de la bravoure de son adversaire. Dites plutôt de celle du lièvre ou du mouton ; puis, sortant de son calme, le Yankee ajouta : — Que vous nous ayez abandonné au moment du danger, il n’y a là rien qui me surprenne… Mais ce que je ne puis comprendre,