Aller au contenu

Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ornait alors son cou avait été ma propriété, et par conséquent ne se doutait pas qu’Oreste venait de reconnaître Pylade. Mon intention, en sollicitant de Salazar, — dont je n’avais pas encore constaté l’identité, — l’autorisation de m’asseoir, n’était point uniquement de sortir de ma désagréable et ridicule position, mais bien plutôt d’apprendre ce qu’était devenue la pauvre señora Jesusita Moratin. Ce fut en vain cependant que je jetai un regard rapide autour de moi, l’aimable jeune femme du sénateur ne se trouvait plus sur la grande route. Voici, du reste, ce qui se passait, et le tableau qui se présenta à mes yeux : la diligence placée en travers du chemin, probablement pour servir, en cas de surprise, de barricade, était assaillie par une dizaine de bandits qui, le couteau à la main, éventraient les coussins et brisaient les caisses, afin de s’assurer que l’on n’y avait point caché de l’or. Derrière la diligence, c’est-à-dire au pied de la montagne dont il a déjà été parlé, deux salteadores se promenaient, la carabine au bras, en factionnaires. Dans quel but ? C’est ce dont je ne pus me rendre compte. Auprès de la diligence, gisait à terre, dans une mare de sang qui s’agrandissait de minute en minute, notre infortuné cocher. Il poussait de temps en temps un faible soupir, puis demandait, en invoquant le Ciel, qu’on lui donnât à boire. Quant