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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/89

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puro de mon étui, puis, après l’avoir allumé, me présenta du feu.

— Si je vous laisse ainsi regarder ce qui se passe, me dit-il, c’est, que je sais que vous êtes un étranger et que vous allez vous embarquer à Vera-Cruz pour retourner en Europe.

— Ma foi, tout cela est fort vrai, caballero, répondis-je assez étonné.

Mon saltéador avait, ainsi que ses compagnons, la figure barbouillée de suie et recouverte d’une cravate noire. Mais, ô surprise ! je reconnus, attaché autour de son cou, le foulard des Indes que Salazar m’avait si adroitement emprunté, lors de mon départ de Mexico. Cette découverte fut pour moi un trait de lumière. Je fumais sans nul doute mon cigare en compagnie de mon intime et excellent ami, le seigneur Salazar lui-même. En retrouvant ainsi mon petit officier dans les grandeurs et investi d’un certain pouvoir, je me repentis de ne point m’être laissé dépouiller de mon sac de nuit, la veille de mon départ. Du reste, je dois le proclamer à sa louange, Salazar avait le cœur trop haut placé pour me garder rancune ; le foulard des Indes lui étant resté, et l’arrestation de notre diligence lui offrant en perspective une part de prise, il se montrait d’une charmante humeur. Seulement l’ingrat oubliait que le beau foulard qui