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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/98

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le sénateur Moratin et doña Lucinda Flores, je me trouvai face à face avec doña Jesusita. La jeune femme était d’une affreuse pâleur ; mon regard la fit tressaillir, et elle porta vivement son mouchoir à ses yeux.

— En bien, señora, lui dis-je en affectant un air de gaieté bien loin de mon cœur, nous en voilà quittes pour tout le reste du voyage. Doña Jesusita voulut me répondre, mais sa voix étranglée trahit sa volonté ; elle se contenta de me faire de la tête un signe affirmatif en essayant de sourire.

Après l’avoir saluée, j’allai aussitôt trouver le sénateur. Il présentait toujours la même roideur inanimée.

— Holà ! seigneur Moratin, lui criai-je en le secouant rudement par le bras, levez-vous, il n’y a plus de danger.

Le sénateur tourna alors seulement la tête, mais avec une telle précaution, que je ne pus m’empêcher de sourire. On eût dit une tortue effrayée. Enfin, après avoir regardé vingt fois autour de lui avec un soin extrême, il se décida à se lever.

Quant à doña Lucinda Flores, elle poussa un horrible cri de désespoir lorsque je touchai légèrement de mon doigt sa robuste épaule.