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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/111

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— On abolira les prêtres plus vite que les femmes, reprit le petit vieux Lapotte, il nous faut d’ailleurs des enfants pour leur repasser la mission.

— C’est égal, cria Mâcheron qui s’échauffait, il aime trop la danse et les femmes, et Bras-de-Fer a dit qu’il faut se métier du plaisir. Ça amollit les âmes.

— Bon ! dit Cardonchas sautant comme un coq, je ne t’empêche pas moi d’aimer à jouer aux cartes, à boire, et à te mettre des odeurs dans les cheveux.

— C’est parce qu’il est comme les femmes qu’il ne les aime pas, cria Lapotte en glapissant.

L’austérité du grand Mâcheron révoltait les deux petits hommes.

— Moi ! des odeurs dans les cheveux ! cria Mâcheron furieux.

— Est-ce que je ne t’ai pas vu un matin avec des petits morceaux de papier plein la tête ? Dis-donc que non ! continua Cardonchas non moins animé.

La société humanitaire troublée s’adressait à Louis, comme à un président ou à un juge de ses différends.

— Ah ! dit Lapotte, gouaillant Mâcheron sur ses papillottes, on met bien les raisins dans des sacs !

Mâcheron, exaspéré et désarçonné, roulait ses yeux et cherchait avec effort une réponse foudroyante.

— Eh bien ! dit-il, et après ? qu’est-ce que ça prouve les beaux cheveux, le savez-vous ? allez le demander aux « rois Mérovingiens », c’était le « signe » de ceux qui menaient les autres, ça n’est pas déshonorant.

— Tu veux donc nous mener ? demanda Cardonchas.

— Est-ce que les rois… « ces rois-là », mettaient leurs cheveux dans des sacs de papier ? dit en même temps Lapotte.

— Je vous vois venir, répliqua Macheron, vous m’en voulez parce que j’ai plus appris que vous !