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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/152

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— Tant que tu seras bonne ménagère, je ne danserai qu’avec toi !

— Parbleu, ajouta Louis, monsieur Cardonchas, vous aurez bonne cuisine, je vous en réponds !

— Oh ! il ne sera pas nourri comme monsieur ! je ne veux pas engraisser un fainéant ! dit Euronique flattée du compliment.

Le jeune homme trinqua avec eux, et comme il se levait pour partir, Euronique se prépara chastement à le suivre. L’affaire était entendue.

Louis avait eu une journée royale. Tout allait bien, tout lui réussissait, et, le lendemain, Lévise revenait près de lui ! Il contempla longuement, avant de se coucher, le ciel étoilé dont la calme et profonde magnificence lui semblait répondre à la joie de son cœur. Il trouvait que la vie était un grand bienfait. Il veillait seul dans tout le village et jouissait de la beauté de la nuit comme si elle eût été faite pour lui seul. Il en sortait une musique secrète qui s’accordait avec le concert de toutes ses sensations de félicité. La splendide nuit ! se disait-il à chaque instant. Il pensa à Dieu, le remercia, le bénit, ne pouvant se rassasier ni d’étoiles, ni de transparente immensité, ni de bonheur, d’espérances, de souvenirs, ni même d’orgueil et de confiance. À deux heures du matin, seulement il se jeta sur son lit. À six heures il fut debout.

Comme il l’avait déjà fait jadis, il se pencha à la fenêtre du rez-de-chaussée, attendant l’apparition de Lévise à l’horizon de la route. Toute sa pensée était fixée sur elle et il frémissait d’anxiété ; l’attente le dévorait. Elle va paraître ! comme elle tarde ! murmura vingt fois Louis. Le temps lui semblait reculer, ses nerfs tressaillaient, il injuriait la lenteur des minutes.

À sept heures Lévise arriva, et avec elle la joie qui se