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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/153

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répandit dans le sein du jeune homme. Lévise lui parut avoir repris sa beauté. Le même charme simple, vif, élégant émanait de sa personne.

Louis lui serra la main doucement, puis plus fort et longtemps pour qu’elle comprît de quel bonheur il était pénétré. Elle sourit de toute son âme pour ainsi dire. Puis il la laissa s’installer et alla prévenir Euronique du retour de l’enfant prodigue.

La vieille fut bouleversée, mais ne dit mot. Au contraire, elle s’empressa de souhaiter le bonjour à Lévise et eut l’air très-aimable.

La jeune fille, de son côté, prit vis-à-vis d’elle une attitude plus libre. Louis vit que Lévise se sentait forte.

Après être resté un moment livré à lui-même pour bien jouir de ses sensations, il revint auprès de la jeune fille et l’embrassa en la serrant longtemps contre sa poitrine.

— Laissez donc cet ouvrage, dit-il, ce n’est pas pour cela que vous êtes ici.

— Oh ! si, dit simplement Lévise.

— Tous les jours vous serez là, à présent ! reprit-il, n’insistant pas.

— Oui !

— Ma pauvre Lévise !

Il l’embrassa de nouveau et, tenant sa main, il ne se lassait pas de la regarder en souriant, songeant combien il était protégé du ciel puisqu’il la revoyait à cette même place.

Mais Louis ne tarda pas à concevoir combien Euronique allait gêner les élans de cette tendresse.

Il fallait se séparer de Lévise encore chaque soir et s’en éloigner pendant le jour. La distance n’était pas grande entre eux, mais elle l’était encore trop.