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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/177

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Aussitôt elle se jeta dans la cuisine et s’y enferma avec fracas.

— J’aime mieux cela, dit Cardonchas, assez piteux cependant, on ne m’appellera pas renégat !

Il salua et s’éloigna d’un pas rapide.

— Vite, vite ! dit à Louis Lévise consternée, cours après lui, je vais prêcher Euronique. Il ne faut pas que l’affaire manque…

Louis s’élança derrière le petit homme, mais ce ne fut pas sans quelques efforts qu’il parvint à le ramener. Lévise gronda Euronique et la disposa aussi à un raccommodement.

Louis et Cardonchas trouvèrent les deux femmes prêtes à la réception. Les jeunes gens s’indiquèrent par un petit clignement d’œil leur mutuelle réussite.

— Eh bien ! voyons, la vieille, dit Cardonchas, une bonne poignée de main ? ne faut-il pas qu’on nous raccommode comme si nous étions encore à l’école ?

— Aussi il s’emporte comme un poulain, répondit Euronique en lui donnant la main et en regardant Louis et Lévise d’une façon grotesque. Un reste de bouderie, le ravissement, une espèce d’embarras pudique tiraillaient sa laide figure tannée et en faisaient un masque des plus bouffons.

— Vous avez eu tort et raison chacun de votre côté, prononça Louis comme un nouveau roi Salomon ; maintenant que la paix soit faite pour toujours !

Il les laissa, et Lévise alla le rejoindre pour lui apprendre comment elle avait apaisé la vieille.

— Qu’est-ce qu’on dira dans Mangues à présent que les bans sont publiés ? On fera des chansons. Vous êtes vive. M. Cardonchas a été fâché d’être mal reçu. Il vous aime bien. Il va revenir, avait fait comprendre Lévise à la servante.