Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/180

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Lévise le regarda avec hésitation, se demandant comment il accueillerait l’annonce qu’elle allait lui faire. Non pas que l’opinion de Volusien pût avoir de l’influence sur elle, leur vie avait été réciproquement trop indépendante pour que la jeune fille consentît à lui rendre compte de ses actions. Seulement dans l’état de sereine satisfaction où elle était, elle redoutait une altercation, un moment de mésintelligence qui eût terni cette satisfaction. Cependant elle se décida sur-le-champ.

— J’entre en place ce soir ! dit-elle, Euronique est partie.

— Ah ! répondit Volusien indifférent.

— J’emporte ce que j’ai !

— As-tu de bons gages ? demanda Volusien.

— Oui ! dit Lévise qui fut fâchée de la question, car elle ne songeait plus déjà qu’elle dût paraître une véritable servante.

Elle se mit à rassembler divers objets qui lui appartenaient.

— Quand Guillaume reviendra, qu’est-ce qu’il faudra lui dire ? reprit Volusien.

— Rien ! répondit-elle comme si elle donnait un coup de fouet.

Volusien resta silencieux un instant.

— Dam ! vous vous arrangerez ! ajouta-t-il.

Il avait l’air contrarié et ne disait certainement pas ce qu’il pensait. Mais Lévise avait tout intérêt à se contenter de la moindre apparence de consentement. Elle continua rapidement à rassembler les petites choses qui lui appartenaient, sans parler.

— Pourras-tu me donner de l’argent si j’en ai besoin ? dit Volusien deux minutes après.

— Oui, tu viendras me voir, répliqua la jeune fille qui se hâtait.