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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/237

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— Chacun notre manière, mon garçon ! tu dis que je n’ai pas autant de droits que toi sur ta sœur, moi je dis que c’est la même chose et je le ferai voir. On ne m’appellera pas avaleur de honte.

— Enfin, va-t’en ! dit vivement Volusien, c’est tout ce que je te demande.

— Oui, et toi va faire le bon apôtre, le chapeau à la main devant celui qui t’a déshonoré. Sacrebleu, moi, celui qui m’a volé ma femme et en a fait une… je ne dis pas le mot, puisque tu ne le comprends pas, celui-là… va, mon ami, va lui faire des courbettes, baisse bien l’échine surtout.

Il tourna le dos et s’éloigna à grands pas. Volusien revint à la maison et frappa de nouveau, mais doucement. Lévise tressaillit d’abord, puis elle pensa que ce pouvait être quelque marchand. Elle se retourna vers Louis pour voir s’il dormait profondément, puis elle descendit. Elle regarda encore par la serrure et vit Volusien seul. Elle eut envie de ne pas répondre, mais elle l’entendit demander :

— Es-tu là, Lévise ?

Le ton n’était pas agressif.

— Où est donc Guillaume ? répliqua-t-elle de même.

— Il est parti. Ouvre donc. J’ai à te parler moi tout seul !

Elle entrebâilla la porte :

— Entre, mais à condition que tu parleras doucement, sans esclandre, dit-elle.

Elle était très-embarrassée, car Volusien pouvait faire assez de bruit pour réveiller Louis. Heureusement Volusien était moins dangereux que Guillaume. D’ailleurs le meilleur parti était encore de le laisser entrer. Elle ne voyait aucun moyen humain de maintenir Louis hors de contact avec l’un ou l’autre des braconniers.