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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/261

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dans une maison, il entendit parler des femmes qui travaillaient au fond d’une chambre : — Tout de même le « débaucheux » de la ville n’a que les restes du beau Guillaume ! disait l’une d’elles.

Ce mot tombant après tant d’autres sur son cœur tout saignant lança Louis en avant comme un coup d’éperon lance un cheval ! Il était fou ! Peu lui importait ce qui pouvait lui arriver, c’était quelqu’un à déchirer avec les dents ou les ongles qu’il lui fallait, Lévise ou le beau Guillaume ! Il ne réfléchissait ni ne raisonnait. Il avait besoin de se battre, de mettre en pièces ou d’être mis en pièces. Sa poitrine s’arrachait toute seule, il le lui semblait. Chaque pensée était un aiguillon, un poison : il était le jouet, le bouffon de ces gens, il était trahi, conspué, et donnait pour un tel résultat le meilleur de son esprit et de son âme ! Il alla d’une course jusque chez Volusien, comme un animal poursuivi par un essaim d’abeilles furieuses. Il voulait trouver Guillaume, le prendre à la gorge, se rouler avec lui dans une lutte exaspérée. La maison était vide, il tourna plusieurs fois autour, ébranlant la porte à grands coups de pied, regardant avidement par la fenêtre dont il brisa une vitre avec son poing. Un paysan étant venu à passer tandis qu’il s’acharnait à ce siège inutile, Louis lui cria, bouillant et frémissant : Où donc trouve-t-on ces coquins ?

— Qui çà ? dit le paysan avec une tranquillité narquoise.

— Les braconniers, le beau Guillaume ? reprit Louis arrivant sur le paysan comme si celui-ci était le braconnier.

— Eh ! dit le paysan alarmé, je n’en suis pas ! On ne les trouve guère. On pourra peut-être vous renseigner à la Bossemartin, au cabaret.