Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/314

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Il ne savait pas se qui se passait, ce qui adviendrait à Lévise ; ne l’égorgerait-on pas ?

Il se précipita contre la porte et frappa sans s’arrêter avec ses poings, ses pieds, ses épaules.

Ses efforts étaient inouïs et redoublaient à chaque seconde au lieu de diminuer par la fatigue. Le capitaine hésitait à ouvrir. Il se troublait, se sentait les sentiments d’un allié pour les jeunes gens, se demandait s’il ne devait pas soutenir avec Louis une bataille en règle contre les paysans. Tout le monde entrait en fièvre. Des cailloux commençaient à siffler autour de Lévise. Elle quitta la fenêtre pour s’emparer de n’importe quoi et le jeter aux assaillants. Le capitaine saisit instinctivement la barre de la cheminée.

Mais alors deux grosses voix s’élevèrent au dehors : c’étaient deux gendarmes qu’on envoyait sur les lieux. Le maire avait été prévenu. L’arrivée des gendarmes dissipa le rassemblement.

Le pauvre Louis, comme un insensé, continuait toujours son travail terrible contre la porte. Enfin le capitaine lui ouvrit. Il n’y avait plus rien à craindre, les paysans étaient déjà loin.

Louis repoussa le capitaine et courut à la fenêtre de la route. Il ne vit personne.

— Où sont-ils ? demanda le jeune homme haletant.

— Les gendarmes les ont fait partir, répondit le capitaine d’un ton bourru. Il redoutait pour lui-même les conséquences de cette affaire où il avait semblé entrer en guerre avec les paysans.

Louis se retourna vers Lévise tombée sur une chaise. La jeune fille mesurait maintenant le danger qu’elle avait couru. Toute l’impression de cette scène, un moment suspendue par le mouvement de résistance et d’indignation