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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/316

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— Je ne peux vous le pardonner, dit Louis, vous m’êtes aussi odieux que tous les autres. Sans vous, Lévise ne serait pas à demi-morte.

— Comme vous voudrez, reprit le capitaine en descendant l’escalier, on ne se mêlera plus de vos affaires.

— Ne te fâche pas ! dit Lévise, il a été bien bon.

— Si c’est à vous qu’on casse la tête, ajouta le capitaine, je vous promets que je laisserai faire.

— Eh ! qu’ai-je besoin de vos services ! répondit Louis.

— Vous êtes reconnaissant ! reprit le capitaine, à l’heure qu’il est, vous seriez là à terre tous les deux, ou vous en prison et la petite Dieu sait où !

Louis fut forcé de reconnaître la bonne intention du capitaine.

— Eh bien ! oui, je vous remercie, dit-il d’un accent encore grondant, vous avez pensé nous rendre un grand service… pardonnez-moi.

— Allons, continua le capitaine, donnez-moi la main, je me suis mis dans une belle passe pour vous, ne pensez plus qu’à partir et soyez prudent.

Il les quitta.

Louis se disait qu’il incendierait le village, qu’il sortirait dans les rues et tuerait tous les gens qu’il rencontrerait, qu’il se ferait écharper, tuerait Lévise pour pouvoir plus librement exterminer les gens ensuite. Aucun châtiment aucune atrocité extravagante ne pouvait encore le satisfaire !

— Oui, je les brûlerai dans leurs maisons ! dit-il tout haut ! se laissant prendre à la croyance que de tels projets fussent exécutables.

Par ces mots, ces agitations d’une impuissance aux abois, Louis maintenait sans le savoir Lévise dans une