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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/324

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Ils se glissèrent très-lentement avec de grandes précautions dans le taillis jusqu’à ce qu’ils fussent en face de la fenêtre. Ils restèrent un moment immobiles.

Volusien maintenant se rendait compte de ce qui allait se passer. Il était bouleversé, son cœur battait et la sueur coula sur son front. Il n’avait qu’à étendre le bras, à ouvrir la bouche pour arrêter Guillaume. Il n’osa pas, il ne le pouvait.

Louis et Lévise allaient et venaient d’une chambre à l’autre. À ce moment, ils soulevaient une malle pour la transporter dans la chambre de la façade, et Louis ayant dit à Lévise : Allons, nous voilà au port ! elle sourit.

Guillaume épaula son fusil et visa. Son œil était rivé à la mire. Ses mains serraient l’arme avec une raideur incroyable.

L’explosion retentit, la vitre éclata en morceaux avec un fracas aigu. Lévise tomba. Louis vit comme à travers un éclair la chute de la jeune fille, puis du sang ! Il s’élança instinctivement à la fenêtre et s’y pencha, hagard, stupide, paralysé, croyant entendre le bruit d’un écroulement énorme, sentant comme un déracinement intérieur de tout son être !

Une seconde explosion roula avec l’écho des prés, et Louis tomba ensanglanté près du corps de la jeune fille.

La tâche de Guillaume était achevée, mais le misérable meurtrier demeura un instant comme ivre. Dans la nuit, cette action paraissait plus horrible, plus lâche. Il lui sembla qu’il ne savait plus pourquoi il les avait tués et qu’ils n’avaient commis contre lui aucune offense, mais que quelque chose dans le ciel allait témoigner contre ce crime, que quelque figure surnaturelle allait se dresser et le précipiter dans le feu ! Puis, saisi d’une terreur