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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/326

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« après », n’aurait-il pas la satisfaction de l’homme qui a fait son devoir, comme « auparavant », il avait la satisfaction de l’homme qui va le faire ?

Aussi cette accusation de Volusien, qui lui paraissait le dernier de qui elle pût venir, le jeta-t-elle dans un accès de rage. Il voulait n’entendre ni en lui-même ni au dehors aucune voix contraire.

— Lâche ! misérable ! femme ! lui répondit-il, j’ai fait mon devoir ! Tout m’est égal maintenant ! Tu es venu avec moi ! Ainsi tu le savais bien. D’ailleurs tu ne me lâcheras pas ! Si on me fait un jugement, tu en seras !

Il s’excitait, comme si des êtres invisibles lui parlaient secrètement, et qu’il pût les réduire au silence par cette conviction, cette assurance !

— Oui ! j’ai fait mon devoir, j’ai fait le tien, s’il fallait recommencer, je recommencerais ! Quand vous seriez cent mille à me dire que j’ai tort, je soutiendrai mon droit !

— Lévise n’avait rien fait ! dit Volusien écrasé et dompté comme toujours par son compagnon, elle était libre, elle n’avait jamais voulu de toi. Ça ne te regardait pas !

— Eh bien ! va donc, va chercher les gendarmes. Range-toi avec eux ! Je te préviens qu’on ne mettra pas la main sur moi sans qu’il en coûte cher. Et toi ! serre ton gosier ! tu pourrais bien aller rejoindre ta sœur ! entends-tu !

— Égorgeur ! boucher ! répliqua Volusien en se redressant, je ne serai pas si facile à abattre que cette pauvre Lévise, ni cet autre pauvre petit homme qui n’était pas beaucoup plus solide qu’elle ! Et puis tu n’es pas caché sous les arbres, ici !

— Mais, hurla Guillaume, tu les as tués tout aussi bien que moi !