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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/342

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Euronique déclara hypocritement qu’elle aurait reçu mille soufflets de bon cœur si cela avait pu empêcher Lévise de mourir.

Les avocats plaidèrent dans le sens des faits, développèrent les sentiments qui avaient animé un frère, un fiancé provoqués par un séducteur qui se plaisait à tous les scandales.

Le réquisitoire signala légèrement la haine des classes inférieures contre les classes élevées, démontra que Volusien, en approuvant l’entrée en service de sa sœur chez Leforgeur s’était enlevé tout droit de réclamer ensuite au nom de l’honneur, que Guillaume était d’ailleurs le vrai coupable, un homme dangereux, égaré par un faux orgueil, déjà condamné ou poursuivi pour coups et blessures, insista sur se combat livré aux gendarmes, combat qui aurait pu ensanglanter encore cette terrible nuit, et prendre dans les rangs des braves gardiens de la sécurité publique de nouvelles victimes.

Le réquisitoire conclut à l’application de la plus forte peine pour Guillaume et admit des circonstances atténuantes pour Volusien.

Le jury les admit pour tous deux ; le tribunal condamna Guillaume à dix ans de travaux forcés et Volusien à cinq ans de réclusion.

À la question usuelle : Accusés, n’avez-vous rien à ajouter à votre défense ? Guillaume répondit avec une sourde fureur : Cela m’est égal ! mais j’aurais voulu que l’autre n’en soit pas revenu.

Volusien s’écria, en portant les mains à son front par un geste désespéré : C’est toi qui as tout fait !

Le lendemain matin, Louis, horriblement torturé par les émotions de cette journée, partit pour l’Allemagne, d’accord en ce voyage avec sa famille, que ce procès avait irritée contre lui.