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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/46

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que part ! En cherchant, il se rappela en effet le frère de Lévise, Volusien !

Ce choc à coups de coude sembla à Louis un présage menaçant.

Lévise ne viendra pas demain, se dit-il, et il rentra inquiet, pensant que si quelque rapport s’établissait entre la jeune fille et lui, idée à laquelle il ne voulait pas croire, mais qui revenait toujours à son esprit, le frère de Lévise serait un obstacle, et se mettrait peut-être invinciblement en travers.

Louis désirait être levé avant l’heure très-matinale où devait arriver la jeune fille. Malheureusement il ne put s’endormir qu’au petit jour, et, lorsqu’il se réveilla, Euronique lui apprit que Lévise était installée depuis longtemps dans la chambre du travail.

Pendant toute la nuit, Louis avait eu peur que Lévise ne revînt pas, non-seulement parce que son frère pouvait la retenir, mais parce qu’elle-même serait peut-être dégoûtée d’une maison ou la servante l’avait maltraitée et offensée.

Il respira librement, à la nouvelle que Lévise était revenue. Mais comme il s’obstinait à se tromper lui-même sur les sentiments qu’il éprouvait, comme il craignait toujours de trop se flatter par l’espoir que la jeune fille pensait à lui, quoiqu’il eût très-vivement cet espoir, et comme, se sentant si vivement entraîné, il s’efforçait de mettre une certaine loyauté à ne rien faire pour « séduire » Lévise, Louis crut penser sincèrement ce qu’il se dit tout bas : Allons, cette fille est raisonnable, elle n’est sagement préoccupée que de gagner sa vie. Elle n’a pas ces idées subtiles qui me tourmentent si sottement. Aussi verra-t-elle par mon long sommeil de ce matin que l’amour ne m’empêche pas de dormir !