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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/47

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Cependant il s’habilla promptement pour aller lui faire une petite bienvenue, de ce qu’elle n’avait pas gardé rancune des injures de la veille !

Dès le seuil, le visage de Louis prit un accent de satisfaction étonnée. La jeune fille était vêtue avec beaucoup plus de soin. Elle avait mis son fourreau neuf, comme disait Euronique, un joli tablier de soie, un bonnet à rubans lilas ; sa robe ressemblait à du foulard, et un petit cœur en or était suspendu à son cou.

C’était une nouvelle personne. Sa toilette lui donnait un air de fête, un air brillant, animé, attrayant. Euronique dit à son maître :

— Elle est bien brave, ce matin !

Elle eut un ton particulier, qui fit juger a Louis que la vieille subissait aussi l’influence de cette petite tenue propre, gentille, élégante même. Mais, en regardant Lévise de plus près, Louis comprit la vraie signification des paroles de la servante.

Des marques bleues et rouges sillonnaient la figure de la jeune fille.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria Louis ému, que vous est-il donc arrivé, mademoiselle ?

— Rien ! dit Lévise ; et une rougeur éclatante s’étendit sur son visage et jusque sur son cou !

— Rien ! mais on dirait des traces de…

Louis hésita à prononcer le mot coups.

— Je suis tombée.

— Vous avez dû vous faire beaucoup de mal ? reprit-il ; puis il ajouta brusquement :

— Votre frère n’est-il pas rentré tard, cette nuit ?

Lévise le regarda avec embarras et surprise.

— Ah ! pardine ! dit brutalement Euronique, ce n’est pas la première fois qu’il l’a « rossée » !