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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/97

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vieux cassis de plâtre. Il dit qu’il en a pour des mille et des cent et que le gouvernement veut lui acheter son musée, mais en attendant il a emprunté à tout le monde !

— Et vous croyez qu’il n’aurait pas envie de mettre la Hillegrin aussi dans le musée ?

— Pas si bête ! d’ailleurs elle a un épouseur, si elle veut, un grand imbécile, le beau Guillaume !

Louis vit immédiatement, sous cette désignation : le beau Guillaume, un être plus redoutable que Cardonchas, quoiqu’il lui fût inconnu. Il se figura un de ces grands, jeunes, beaux paysans qui sont quelquefois splendides de forme et de visage. Une crainte singulière pénétra rapide et subtile au fond de son cœur et s’y logea secrètement, inaperçue d’abord, mais prête à faire de grands ravages plus tard. Tant de choses occupaient Louis que la vision du beau Guillaume s’effaça aussitôt qu’apparue ! Elle s’enterra sous les autres sensations du moment, après lui avoir imprimé un nouveau mouvement de résignation raisonnable. Peut-être, se dit-il, vaudrait-il mieux que Lévise se mariât avec un paysan.

— A-t-il « du bien », ce Guillaume ? demanda-t-il.

— Eh non ! c’est encore un vaurien !

— Elle n’en a donc pas voulu du beau Guillaume ? dit Louis anxieux de connaître si Lévise pensait à quelque autre.

— Oh ! elle est trop orgueilleuse ! il lui faut des beaux messieurs.

Louis aimait mieux que Lévise préférât les beaux messieurs ; il lui savait gré de les préférer aux paysans, puisqu’il était l’élu !

— Et le beau Guillaume tient-il beaucoup à elle ? dit le jeune homme, qui n’eût voulu pour rien au monde qu’un