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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/142

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


point imprudente. Mais telle qu’une personne qui a échappé à un grand naufrage entend pendant longtemps mugir les vagues de la mer, telle notre veuve ne put de très longtemps éloigner le danger qu’elle a couru. Cette plante infernale qu’elle a vue, elle la voit encore. Elle a beau faire et ne pas le vouloir, cette plante, malgré elle, se planta et s’enracina dans son imagination. Oraisons, messes, prières, communions, austérités, aumônes, tout fut employé pour se délivrer de cette affliction, et tout cela eut le même effet que les remèdes pendant sa maladie. Plus elle en avait fait, plus son mal avait empiré. Il en était de même de ses bonnes œuvres ; plus elle les multipliait, plus son affliction semblait croître et s’élever.

Ce qui mit le comble à ce tourment affreux, c’est que cette plante du diable, qu’elle avait trouvée horrible, épouvantable, lorsque son confesseur la lui montra, lui paraissait alors belle, charmante et même magnifique. Dieu le voulait ainsi, comme autrefois il voulut que saint Antoine dans ses tentations vit des femmes qui effrayaient sans cesse sa pudeur. L’une superbement parée, d’une voix douce et engageante, le sollicitant au