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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/143

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


plaisir, l’autre cherchant à le séduire, soit en lui faisant les yeux doux, soit en lui montrant une gorge aussi belle que, la veille de ses noces, autant qu’il m’en souvient, pouvait l’avoir la marquise de *** ; celle-ci lui montrant des charmes non moins beaux en leur genre, mais beaucoup plus immodestes, et celle-là dans une nudité entière, voulant, malgré les répugnances du père Antoine, travailler avec lui à l’œuvre de la génération. Par de semblables tentations, Dieu éprouvait la vertu de son serviteur, et il n’éprouve, comme la Foi nous l’enseigne, que ceux qu’il aime.

C’est ainsi que, pour éprouver et sanctifier notre jeune veuve, il tint pendant longtemps élevée dans sa tête la plante du confesseur. Un jour, se promenant dans son jardin et cherchant à se distraire de cette affliction, elle se mit à s’entretenir avec Richard, son jardinier. Ce Richard était un de ces hommes qui, croyant n’être que francs et joyeux, sont grossiers et indécents dans leurs propos. Tout en causant avec sa maîtresse, il arrosait ses fleurs et ses laitues. — Richard, lui dit-elle, il me semble que vous noyez vos fleurs à force de les arroser. — Madame, répondit-il, dans la