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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/145

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


fit la jeune veuve pour chasser cette nouvelle tentation furent en pure perte, du moins elles semblaient l’être. C’est alors que la parole de Dieu lui parut en défaut. Priez et veillez, a-t-il dit : elle faisait l’un et l’autre, elle priait, elle veillait, se macérait, et la tentation ne faisait qu’augmenter : l’arrosoir de son jardinier lui paraissait de jour en jour plus beau et plus merveilleux.

Il en est des tentations comme des passions. Une nouvelle prend toujours la place d’une ancienne, et tel était le malheur de cette jeune veuve, c’est que l’arrosoir du jardinier ne disparut plus de son imagination que pour faire place à la flûte de son cousin.

Le cousin dont il s’agit ici était un écolier âgé de seize ans, honnête, attentif, caressant, d’une vivacité qui plaît toujours, lorsqu’elle n’est pas de l’étourderie. Elle ne l’avait point vu depuis trois ans et elle le revit avec un très grand plaisir. « J’ai apporté, dit-il, ma flûte, parce que je n’ai pas oublié que ma cousine aime de cet instrument. » La cousine, en effet, fut très sensible à cette attention ; elle trouva aussi qu’il avait fait de très grands progrès, et il avoua que ces progrès sur la flûte avaient