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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/144

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


nature il n’est rien qui, pour croître et prospérer, ne doive être arrosé souvent. Il est des choux et des fleurs comme des jeunes femmes : on doit être continuellement après elles, autrement elles languissent, sèchent et périssent. Un bon jardinier, comme un bon mari, doit toujours avoir l’arrosoir à la main. » À ce propos, Mme de Montcornillon rougit, mais en femme bien apprise, faisant semblant de ne pas entendre ce qu’elle entend très bien, elle se retire.

La comparaison de Richard, au fond très juste, était peu décente et surtout peu respectueuse. Elle opéra pourtant un bien : elle fit ce que n’avaient encore pu faire les prières et les oraisons, car elle fit disparaître de l’imagination de notre jeune veuve la plante du confesseur ; mais ce bien devint lui-même un mal ; car en lieu et place de cette plante parut tout à coup l’arrosoir du jardinier. S’endormait-elle ? cet arrosoir était le dernier objet qui s’offrait à sa pensée. Sommeillait-elle ? elle ne voyait dans tous ses songes que ce seul instrument. Se réveillait-elle ? l’image du bel arrosoir de Richard se présentait à son esprit avant même l’idée de Dieu.

Toutes les prières et bonnes œuvres que