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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/149

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


tresse qui, dans les habitudes de ce jeune homme, croyait voir celles du défunt. S’il parlait, elle croyait l’entendre. Elle fit du bien à cet honnête Joachim, mais pour ne point faire de jaloux, elle ne lui donna jamais des marques de sa bienveillance qu’après en avoir donné à tous ceux qui l’entouraient.

Cet événement, dont notre veuve s’occupa vivement, fit ce qu’il n’avait point encore plu à Dieu d’accorder à ses prières ; il fit diversion à sa tentation et la flûte, du cousin s’évanouit entièrement de son imagination, comme au réveil un songe léger s’évanouit du souvenir. Son visage reprit sa sérénité et ses belles couleurs ; le calme rentra dans son âme. Hélas ! ce calme était trompeur. C’était une de ces bonaces qui sont les infaillibles avant-coureurs d’orages affreux. En effet, à cette paix intérieure dont elle jouit quelques jours succéda bientôt une tempête horrible.

Un jour Joachim entre chez sa maîtresse (c’était sur les onze heures du matin) et lui présente respectueusement une magnifique branche de bouton d’or. « Je n’aime pas les fleurs, lui dit-elle, ni dans les chambres ni sur moi. Reprenez votre bouton d’or et