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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/177

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


rien à répondre et les vingt-deux ans cédèrent aux raisons des dix-huit. Ce que nous observerons ici pour l’instruction des jeunes demoiselles, c’est que l’indifférence qu’on avait pour dormir avec un prophète se changea en une véritable passion et qu’on finit par convenir qu’il en est de cet exercice comme des jeux qui déplaisent et qui ennuient lorsqu’on les ignore, mais qu’on ne peut se lasser de jouer quand une fois on en connaît les premières règles. En ce monde, dit souvent l’abbé du Vernet, tout est habitude.

Les dix-huit ans eurent aussi leur tour, et leurs deux nuits furent remplies avec cette gaieté et cette résignation chrétienne qu’on doit toujours avoir lorsqu’on fait une action qui plaît à Dieu ou, ce qui revient au même, qu’on croit devoir lui plaire.

Cependant le temps s’écoulait, et déjà le devoir appelait le jeune colonel à la tête de son régiment. Ce régiment devait passer dans peu de jours par Paris, non pour en faire le pillage ainsi qu’on l’avait projeté en ces derniers temps, mais pour se rendre sur le Rhin et aller repousser les ennemis qui menaçaient la frontière. Ayant tout disposé pour une évasion subite, il parla ainsi à la