Aller au contenu

Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


parterre. Ensuite, s’approchant de l’oreille de la jeune veuve, il lui dit : « C’est là ce même colonel dont je vous ai parlé. Ne soyez pas affligée ; après vos couches, je vous marierai avec lui. »

Le père Bonhomme fut ramené en voiture et retenu à dîner. On s’en fit un ami. Ce n’était ni un moine à prétention, ni, ce qui est encore pis, un moine intrigant. Tous les jours, il allait voir les trois recluses, et sa société leur était d’autant plus agréable que leur situation les forçait à une plus grande retraite. Il les amusait par sa simplicité, par sa franchise autant que par son ignorance, et les étonnait toujours par son bon sens, ainsi que par l’intelligence avec laquelle il remplissait auprès d’elles le triple office d’agent, de confesseur et d’oracle.

Un des premiers cas de conscience qu’on soumit à ses lumières fut de savoir si, étant à la foire de Saint-Laurent, il y aurait un grand péché, à aller aux spectacles soit de Nicolet, soit d’Audinot. « Il n’y a de défendu, répond le père Bonhomme, que ce que l’Évangile défend. Or l’Évangile n’a jamais parlé ni de M. Nicolet, ni de M. Audinot, ni de leurs petites comédies, d’où je conclus qu’on peut y aller en toute sûreté