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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/28

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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


saints entretiens. Puisque vous ne soupez pas, vous faites donc collation ? Dites ce que vous désirez : voulez-vous des confitures, des oranges de Malte, de la gelée de Rouen, des mirabelles de Metz, des pruneaux de Tours, des pâtes d’Auvergne, des marrons de Lyon, des pêches à l’eau-de-vie ? Vous préféreriez peut-être les quatre mendiants ? Aimeriez-vous mieux une bigarrade ?

— Je remercie Madame, répond M. de Saint-Ognon ; mais je ne prendrai rien de tout ce que sa dévotion daigne m’offrir. Quand j’ai bien dîné, je me contente chaque soir de deux ou trois onces d’air ; lorsque je suis en appétit, j’en prends jusqu’à quatre onces, et je me trouve très bien de ce régime.

Une pareille nourriture fut pour Madame un grand sujet d’édification. Elle voulut savoir combien, pour une once d’air, il fallait de bouchées. — Plus ou moins, répond M. de Saint-Ognon ; cela dépend de l’endroit où on le prend. L’air du paradis est le meilleur dont on puisse se nourrir ; mais il n’est pas fait pour un pécheur comme moi. — Ce qui m’étonne, lui dit Madame, c’est qu’avec un semblable régime vous avez de l’embon-