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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/29

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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


point et de belles couleurs. — Les pécheurs, comme les pauvres, répondit-il, vivent de ce qu’ils mangent, et les riches en meurent. Mais l’homme qui craint Dieu ne vit pas seulement de ce qu’il mange, il s’engraisse encore, dit le grand Nicole, de jeûnes et d’abstinences. Non in solo pane vivit homo.

Madame mangea un poulet et M. de Saint-Ognon mangea de l’air, c’est-à-dire qu’il mâcha à vide, à peu près comme un membre de l’Académie française, qui prononce son discours de réception (3).

Après le souper, Madame mit la conversation sur le sermon de M. l’abbé du Trognon. M. de Saint-Ognon ne l’avait point entendu. — Comment l’avez-vous trouvé ? lui demanda-t-elle. — Comme tous les sermons, répondit-il, beaucoup trop court. Je n’en ai jamais entendu de mauvais. Le prédicateur qui parle le plus mal dit toujours de fort bonnes choses. Le fidèle qui écoute doit avoir égard à ce que le ministre de Dieu annonce, et non à la manière dont il annonce. La parole de Dieu est sacrée dans la bouche même des bêtes, témoin l’ânesse de Balaam et le respect que le prophète son maître eut pour elle lorsqu’il l’entendit parler.