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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/43

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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


montaient et qui descendaient ; et au bas de cette échelle mystérieuse, j’ai vu, si j’ose m’exprimer avec la noble simplicité de l’Écriture sainte, des béliers qui montaient sur des brebis : et vidit in somnis mures ascendentes in fæminas[1].

— Que croyez-vous, demande Mme de Bethzamooth, que cela veut dire ? — Je pense, répond M. de Saint-Ognon, qu’entre Dieu et Madame il y a un commerce admirable de grâces et de dévotions. Les anges sont occupés à monter vos prières au ciel pour en composer le parfum qu’on brûle devant le trône du Très-Haut : Et ascendit fumus incensorum de orationibus sanctorum coram Deo[2]. À leur retour ils vous apportent la grâce de dévotion. Pour ce qui est des béliers qui couvrent des brebis : Dominus tecum, le Seigneur est avec vous ; vous concevrez dans votre sein ; concipies in utero, et vous enfanterez un fils : et paries filium.

— Vous m’étonnez beaucoup, reprit Madame, car je ne connais point d’homme, et mon mari, qui est un pécheur, ne s’approche point de moi. — Dominus omnipotens, s’écria

  1. Genèse, chap. XXXI, v. 10.
  2. Apocalypse, chap. VIII, v. 4.
2.