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Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/182

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SOUVENIRS


ma mémoire ne m’a permis de citer que les parties les plus saillantes, nous nous promenions à pied dans l’une des avenues[1] les plus solitaires[2] du Bois de Boulogne. Je ne répondais rien, étant un peu surprise de ce que j’entendais. Tout autre aurait été découragé par mon silence. Lui, point, ce silence fut pris par lui comme une invitation amicale à continuer de m’ouvrir son cœur. Il reprit donc :

— Vous pouvez objecter à ce que je vous ai fait connaître de moi-même que la beauté d’une femme, sa personne matérielle, tout en étant et devant être considérée comme une chose très importante par l’homme qui l’aime, ne constitue cependant pas toute la femme. Chaque femme, en effet, a un certain esprit, un certain caractère, un cœur, des idées qui lui appartiennent, des goûts particuliers, quelquefois des talents et souvent des manies. Pour que l’homme qui l’aime soit heureux avec elle, il est indispensable qu’il existe une certaine conformité entre leurs goûts réciproques ; il faut aussi que leurs caractères sympathisent, qu’ils aient quelques idées communes, et qu’ils poursuivent le même but dans

  1. Variante, ligne 3, au lieu de l’une des avenues ; lire : l’un des sentiers.
  2. Variante, ligne 3, après solitaires ; lire : des environs du pré Catelan.