Aller au contenu

Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
SOUVENIRS


Comme la pêche, le vin, la rose, elle a été créée pour flatter nos sens. La nature n’a rien inventé de plus beau, de plus réellement délicieux que notre compagne, lorsque toutefois elle est belle, complaisante, et veut bien se laisser aimer. Cependant, comme il y a toujours dans la vie un inconvénient attaché à une satisfaction, un danger qui accompagne une joie, un supplice qui fait expier un moment de plaisir, la nature a donné à la femme un certain caractère, de certaines idées, de certains goûts dans l’unique but de faire expier à l’homme l’excès de jouissance de toute sorte que la femme lui procure. Si la nature, ayant doué la femme comme elle l’est physiquement, lui avait donné, en plus, du cœur, de l’esprit et du bon sens, la femme aurait trop de puissance.

La sottise et la passion de l’homme aidant, la femme finirait par pouvoir modifier le monde. D’après tout ce que je viens de vous dire, reprit mon mari, je ne me crois en droit d’attendre de vous, ma chère, aucune des vertus et des qualités qui ne sont pas le fait de votre sexe. Je serai bon pour vous, je vous ferai du bien, vous me récompenserez en me faisant du mal, je m’y attends. Je vous serai fidèle ; si vous me trompez, j’en souffrirai peut-être, mais je n’en serai pas surpris. La seule chose que je vous demande, que j’exige de vous, c’est que vous respectiez toujours votre beauté, c’est que vous suiviez aveuglément les