Aller au contenu

Page:E. Geoffroy Saint-Hilaire - Fragments sur la structure et les usages des glandes mammaires des cétacés - 1834.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
CONTROVERSE SCIENTIFIQUE.

verte, comme abondans pour vous en consolations, et afin qu’il ne vous reste de souvenirs que pour ces paroles de l’amitié.

Sans doute des injures, lancées sans provocation, d’une brutalité révoltante, et qui éclatent en d’ignobles et populacières facéties, vous trouvent tout étonné, vous homme isolé, inoffensifs et uniquement occupé d’études et de méditations sur la Nature. Cependant que peuvent ces efforts malencontreux à l’échappé de leur sentine abjecte ? consolez-vous-en en vous appliquant cette réflexion : La moindre parcelle ajoutée au trésor des connaissances humaines devient un noble fleuron de plus, pour ces couronnes d’estime réservées et définitivement acquises à toute promulgation d’une vérité nouvelle. Ainsi opère dans son vaste enregistrement et solde l’équitable postérité.

Moi. Sur cette allocution, voici mes réflexions. Les progrès de la science me préoccupent seuls et constamment, mais peu long-temps au contraire les souvenirs d’une lutte ardente.

Qu’en raison et sous l’appui d’une discussion en haut lieu, des expressions ignobles et faméliques aient été prononcées, patience : à ces moyens d’existence de quelques feuilles éphémères, à cette pâture destinée à de fâcheux désœuvrés, on ne doit aucune attention, pas même celle du mépris.

Maintenant, reposé que je suis, et tout refroidi sur le sujet de la dernière lutte, je suis vraiment affligé qu’elle ait été aussi animée dans le sein de l’Académie des sciences : je n’y ai paru, il est vrai, que sur le terrain de la défensive, mais c’était trop encore. Qu’est-il arrivé ? un mécontentement manifeste. Car, en effet, comment l’Académie aurait-elle accordé sa sympathie à une telle tourmente des esprits, qui compromettait sa dignité et faussait vraiment le but des recherches philosophiques ? On a aperçu là des intérêts moins scientifiques que passionnés.

La culture des sciences demande du calme, et n’a rien à gagner ni à des attaques incessantes, ni à des ripostes brûlantes. Pourquoi se refuser d’une part à la révision et à l’amélioration de quelques doctrines du passé ? Et pourquoi, de l’autre, supposer qu’on allait y pourvoir par des improvisations téméraires ?

Cependant ne pourrais-je faire admettre mes excuses pour l’inconvenance de ma participation à des torts justement et généralement blâmés, en faisant valoir la bonne part que j’ai prise aux heureuses modifications des considérations et des conséquences suivantes, que je tiens définitivement pour acquises à la science ?