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Page:Ebel - Les femmes compositeurs de musique, 1910.djvu/15

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XV
PRÉFACE DE L’AUTEUR

disposition pour la composition, l’Église d’ailleurs dissuadant la femme pendant tout le moyen âge et même par une prohibition formelle, au xvie siècle, de participer à son service musical.

Il n’y a pas longtemps encore, une composition annoncée comme une œuvre féminine, était condamnée d’avance.

La rareté des œuvres musicales de femme dans le passé n’est donc pas due à l’inaptitude à vaincre la difficulté et à pratiquer la science, mais doit être plutôt attribuée à la prévention et aux règles de la mode et de l’usage, qui, si longtemps l’ont empêchée de cultiver, par le travail et l’étude, cette utile et lucrative branche de l’Art.

Il est certain qu’un tel préjugé contre les travaux de la femme doit avoir eu pour effet de diminuer et décourager ses efforts. Cela est bien démontré par ce fait qu’un grand nombre de femmes compositeurs ont déguisé leur identité par des noms d’apparence mâle inscrits sous le titre de leurs œuvres.

Augusta Holmès a publié ses œuvres sous le nom d’Herman Zenta, Mme de Grandval s’est appelée souvent : Clément Valgrand, etc. ; Mme La Hye signait « Léon Saint Amans ; » Mrs John Macfarren « Jules Brissace ; » Mrs Roeckel « Jules de Sivrai, » et d’autres.

Plusieurs auteurs ont aussi publié leurs œuvres avec leurs noms précédés seulement des initiales de leurs prénoms ; ainsi Farrenc, Chaminade (pour ses premières œuvres), Lebeau, Ethel M. Smyth (messe en ré) et nombre d’autres.

Nous considérerons donc qu’on a obtenu un grand point, à savoir que la composition musicale par une femme n’est plus considérée comme une excentricité. La