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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/124

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Raymonne


Mais Amaury ne put dominer sa nature,
Aimer uniquement la douce créature
Pour laquelle il avait combattu tant de fois,
Qu’il avait su gagner à force de prouesses,
À qui pour un regard, une de ses caresses,
Il aurait tout cédé, limiers et palefrois.

Le castel se rouvrit aux bruyantes débauches,
Qui sont au sentiment ce que sont les ébauches
Au chef-d’œuvre achevé, lumineux et serein…
Il ne visita plus la chambre nuptiale,
Et Diane subit sa froideur glaciale
Et dut d’un cœur aimant refouler le trop plein.

« Ah ! c’est vous, répond-il en se levant à peine.
Gardez votre repos et laissez-moi ma peine.
Il se peut que j’étais plus souriant jadis,
Cela dépend de ceux qui partagent ma vie.
Ne vous occupez pas de moi, je vous en prie ;
Contre de vains discours mes chagrins sont raidis.

— Puis-je vous présenter au moins une requête ? »
Risqua-t-elle humblement. Il inclina la tête.
« Vous consentez… Marcel, un de vos paysans,