Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VII

AQUARELLE

 
C’était l’hiver suivant. Un soir de carnaval,
Des masques avinés se croisaient dans la rue,
S’accostaient d’un brocard ou d’un propos brutal.
Pour ma part, j’ai toujours haï cette cohue
Où l’être intelligent vers le plaisir se rue
Avec d’immondes soifs d’hyène et de chacal.

Les bals du mardi gras allaient ouvrir leurs salles,
Et des flammes de gaz, des rampes, des festons,
Couronnaient, au-dessus des portes, les frontons
De ces temples voués trois jours aux bacchanales.
Sinistres, impudents, ils arboraient leur nom,
L’étalaient à la foule en lettres colossales.