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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/194

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La Guigne

Sur l’herbe, le frotta, guettant, l’âme inquiète,
Le souffle sur sa bouche, un soupir accusé
Témoignant que la mort lui rendait sa conquête.

Bonheur ! elle vivait. Alors, à pleine voix,
Il se mit à crier : « Au secours ! » par trois fois.
Non loin du fleuve était une pauvre chaumière
Dont les gens se levaient avec de la lumière,
Et l’on voyait courir des torches dans les bois…
À genoux, le maçon récitait sa prière.

L’aube venait. Déjà s’éveillaient les oiseaux ;
Les chevaux de labour soufflaient par les naseaux.
Pour la dernière fois son regard triste et tendre
Enveloppa la Guigne… On arrivait. Attendre
Pouvait tout différer… Il gagna les roseaux
À reculons… et seul il se laissa descendre…

La mouette aux poissons a disputé ses os.

Anvers, le lundi gras 24 février 1879.
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