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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/103

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LES FUSILLÉS DE MALINES

rent résolument la voûte sombre. Coudes au corps, relevant d’une saccade des reins et des jarrets, l’étendard dont il serrait la hampe contre sa poitrine, Tistiet repartit à larges enjambées, tandis que le Blanc et le gâcheur de plâtre attaquaient la marche des anciens patriotes de Van der Noot.

À cette dissonante aubade des portes bâillèrent avec des grincements de gonds, les façades jaunes et ridées écarquillèrent leurs fenêtres palpébrées de persiennes et de jalousies, des volets s’étirèrent et derrière la cornée vitreuse des carreaux, parurent, en guise de prunelles, des têtes rondes, bouffies, hydropiques.

Une relative conscience se démêla laborieusement, sous les espèces d’une curiosité hargneuse, dans ces masques effarés. Les maisonnées se montrèrent sur le pas des portes. Matrones en saindoux, hommes caséeux, marmaille mucilagineuse, assistèrent à la procession avec une sorte de méfiance mêlée de goguenardise, sans manifester leur pensée autrement que par des moues, des sourcillements et des sourires. Ils comprenaient à la longue ce