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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/137

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LES FUSILLÉS DE MALINES

titudes, et lui-même, complice de ses illusions, finissait par prendre à la lettre ses improvisations et s’enthousiasmait comme un augure. Aucun de ces simples ne trompait délibérément la galerie, qui buvait ses paroles. Tous demandaient à croire, tous étaient amenés à conniver. Souvent ce qu’avançait timidement la bouche d’or, les auditeurs le proféraient déjà du bout des lèvres ; il lui fallait affirmer ce qu’elle n’osait encore que conjecturer. On eût même fait mauvais parti aux incrédules. Il n’entrait dans l’esprit de personne de contrôler et de comparer les assertions. On avait bien le temps, ma parole, de remonter à la source !

Les commères, surtout, se distinguaient par des relations d’un optimisme fleuri, et défilaient des chapelets de victorieux faits d’armes et de prises copieuses.

Une laitière de Contich affirma sincèrement que les troupes du révérend curé de Duffel venaient de défaire l’armée de Béguinot aux environs de Linth, et que bientôt les vainqueurs rejoindraient leurs alliés à Malines pour célébrer, avec eux, la