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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/138

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LES FUSILLÉS DE MALINES

double victoire. La bonne femme donnait même le signalement des chefs : Marguerie, Tony le Joufflu, Willem la Taupe. Et Tistiet, Heratens, jusqu’à ce malin Schalenberg, ne remarquaient pas qu’eux-mêmes, dans l’interrogatoire haletant qu’ils faisaient subir à la messagère, lui fournissaient le portrait de leurs compagnons bien aimés. Mais seuls des indifférents, des apathiques eussent noté ces vétilles !

Plus moyen de rester incrédule ! Le but était atteint dès à présent. Ceux des autres banlieues avaient dû se comporter dans leur rayon de pays, comme les ruraux de Bonheyden. Toutes les cités appartiennent aux insurgés. Aussi, lorsqu’un dernier courrier, en sabots, proclama la prise d’Anvers même, il n’apporta rien d’inespéré et la jubilation n’atteignit pas au délire.

Au degré d’excitation où ils en étaient arrivés, après les péripéties, les secousses des deux journées précédentes, forts de leur droit, ne poursuivant rien que de juste, d’équitable, de légitime, ce foudroyant triomphe représentait le résultat logique et fatal de leur soulèvement.