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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/118

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, j’en étais sur la puissance des idées que je soutiens être les principales causes transformantes.

— Je ne suis pas d’accord avec vous sur ce point, Miller, dit Goodwin, le graveur, plus soucieux de développer le sujet que d’attendre un mot de réponse du nouveau venu ; car, ou vous entendez par idées tant de sortes de choses que je ne puis en avoir connaissance, pas plus que si vous disiez que la lumière est une cause, ou vous entendez une sorte particulière d’idées, et alors je soutiens que votre conception est trop étroite. Faites bien attention à ceci : toutes les actions dans lesquelles l’homme met une parcelle de pensée, sont des idées, soit qu’il sème, soit qu’il fasse un canot, soit qu’il pétrisse de l’argile. Des idées pareilles opèrent d’elles-mêmes dans la vie et croissent avec elle, mais elles ne peuvent se séparer de la matière qui les a mises en œuvre et qui est leur moteur. C’est de la façon dont ces idées sont mêlées avec tous les autres éléments de la vie qu’elles ont plus ou moins de puissance. Moins ce mélange est fort et moins elles ont de puissance. Quant aux causes des changements sociaux, je les envisage ainsi : les idées sont une sorte de parlement ; mais extérieurement, il y a une communauté dont une bonne partie travaille au changement, sans savoir ce que fait le parlement.

— Mais alors, dit Pash, si vous prenez ce mélange pour la pierre de touche de la puissance, quelques-unes des idées les moins pratiques pourront prendre le dessus ; elles surgiront sans être comprises, et entreront dans la langue sans qu’on y pense.

— Elles peuvent agir en changeant la distribution de gaz, objecta Marrables ; les instruments sont si perfectionnés aujourd’hui, que les hommes peuvent enregistrer le développement d’une théorie par les changements observés dans l’atmosphère, correspondant aux changements dans les nerfs.