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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/151

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— J’espère qu’on ne me refuserait pas de venir auprès de toi si tu étais malade, mon trésor, dit madame Davilow en pressant contre son sein la main de sa fille. Quelque chose lui disait sûrement que son enfant l’aimait et qu’elle avait besoin de sa mère autant qu’autrefois.

— Oh ! non, répartit Gwendolen en appuyant sa tête contre la poitrine de sa mère. Mais, vous savez, je ne suis jamais malade. Je suis très forte et vous ne devez pas vous inquiéter à cause de moi. Il faut que vous soyez heureuse, et mes sœurs aussi ; elles sont pour vous de meilleures filles que je ne l’ai jamais été.

Elle releva la tête avec un sourire.

— Tu as toujours été bonne, mon ange ; je ne me souviens de rien autre.

— Pourquoi ? Qu’ai-je jamais fait de bon pour vous, si ce n’est d’épouser M. Grandcourt ? dit Gwendolen en s’efforçant de plaisanter. Du reste, je ne l’eusse pas fait si cela ne m’avait pas plu.

— Dieu nous en préserve, mon enfant. Je n’aurais pas voulu que tu te mariasses par intérêt pour moi. Ton bonheur est la moitié du mien.

— Fort bien ! dit Gwendolen en mettant son chapeau et en arrangeant ses cheveux ; alors vous voudrez bien considérer que vous êtes à demi heureuse, ce qui est plus que je n’ai jamais été habituée à vous voir ; et elle se tourna souriante vers sa mère. — Me voilà prête. Mais, chère mère, M. Grandcourt me donne beaucoup d’argent et je ne trouve pas moyen de le dépenser. Vous savez que je ne puis souffrir les enfants de charité et autres créatures semblables. Voici trente livres ; je désire que vous les consacriez à acheter quelque chose aux petites quand vous irez dans votre nouvelle demeure. Dites-le-leur. Puis elle mit les bank-notes dans les mains de sa mère et se dirigea vers la porte.

— Dieu te bénisse, chère enfant ! dit madame Davilow.