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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/22

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ils prirent par l’extérieur et s’arrêtèrent devant un joli portail, seul reste ancien de la façade orientale.

— Eh bien, dit sir Hugo, à mon avis ceci est plus intéressant au milieu de ce qui porte franchement le cachet d’un style postérieur de quatre siècles. Les additions doivent manifester l’époque dans laquelle on les fait, et porter l’empreinte de leur siècle. Je ne voudrais pas détruire de morceaux anciens ; mais je crois que leur reproduction est une erreur. Et puis où s’arrêter sur cette pente ? On pourrait tout aussi justement me demander d’user les pierres en m’agenouillant ; n’est-il pas vrai, Grandcourt ?

— Quelle damnable peste ! marmotta celui-ci. Je déteste ces drôles qui hurlent des litanies, la chose la plus ennuyeuse du monde.

— Oui, c’est là que doit en arriver leur romantisme, dit sir Hugo d’un ton d’assentiment confidentiel, c’est-à-dire s’ils se conduisent logiquement.

— Je crois que cette manière d’argumenter contre un courant, parce qu’il peut conduire à une absurdité, ferait bientôt de la vie un silence, dit Deronda. Telle n’est pas la logique des actions humaines ; c’est plutôt celle d’un tournebroche qui doit aller jusqu’à son dernier tour lorsqu’une fois il a été remonté. Nous ne ferons rien sûrement, si nous ne jugeons d’abord de l’endroit où nous devons nous arrêter.

— Je prétends que la poche est le meilleur guide, dit plaisamment sir Hugo. Quant à la plupart de vos vieux-nouveaux bâtiments, il faut payer des hommes pour les travailler artistement afin de leur donner une surface qui paraisse ancienne et qui ne répond pas au taux du travail actuel.

— Alors vous voudriez conserver les anciennes modes, monsieur Deronda ? demanda Gwendolen, en prenant avantage de la liberté du groupement pour demeurer un peu