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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/23

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en arrière, pendant que sir Hugo et Grandcourt continuaient d’avancer.

— Quelques-unes seulement. Je ne vois pas pourquoi nous n’userions pas de notre choix en ceci aussi bien qu’en autre chose, ou pourquoi l’âge ou la nouveauté serait un argument pour ou contre. Faire comme nos pères est bien, quand cela n’empêche rien de meilleur ; l’affection s’en accroît, et l’affection est la base la plus large du bien dans la vie.

— Pensez-vous véritablement ainsi ? reprit Gwendolen, non sans un peu de surprise. J’aurais cru que vous faisiez beaucoup plus de cas des idées, du savoir, de la sagesse et autres choses semblables.

— Mais, faire cas de ces choses est encore une affection, répondit Deronda en souriant de cette soudaine naïveté. Appelez cela attachement, intérêt, bonne volonté, peu importe. Il y aura de la différence, si les objets de notre intérêt sont des hommes ; mais, en général, dans toutes les affections profondes, les objets sont un mélange de personnes et d’idées dans lequel coulent ensemble les sentiments et les sensations.

— Je ne sais si je vous comprends, dit Gwendolen. Je ne me crois pas très affectueuse. Peut-être me direz-vous que c’est la raison pour laquelle je ne vois pas beaucoup de bon dans la vie.

— Non, je ne vous dirai pas cela ; mais je le tiendrais peut-être pour vrai, si je croyais ce que vous dites de vous, répliqua Deronda avec gravité.

Sir Hugo et Grandcourt étaient revenus sur leurs pas et s’arrêtèrent.

— Je ne puis obtenir que M. Deronda me fasse un compliment, dit Gwendolen, en s’adressant au baronnet. Je suis curieuse de voir si l’on peut tirer de lui une petite flatterie.