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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/244

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Ce fut lorsque Anna Gascoigne, en visite chez les Meyrick, fut amenée à parler de sa parenté avec madame Grandcourt. La visite avait été préparée de façon à ce qu’Anna pût voir Mirah. Les trois sœurs étaient à la maison avec leur mère, et il y eut naturellement un débordement de causerie entre ces six femmes, que la présence d’un homme ne gênait pas. Anna se sentait à l’aise avec les demoiselles Meyrick, qui savaient ce que c’était que d’avoir un frère et d’être généralement regardées comme de minime importance dans le monde. Les Meyrick lui semblèrent d’une adresse presque alarmante, et elle les consulta longuement sur la manière d’élever Lotta, car elle se disait la moins habile de la maison. Mirah étant venue se joindre à ce groupe, ce fut comme un bouquet complet de jeunes figures autour de la table à thé.

— Jugez de notre surprise, Mirah, dit Kate. Nous parlions de M. Deronda et des Mallinger, et il se trouve que miss Gascoigne les connaît !

— Je ne les connais que par ouï-dire, répondit Anna encore un peu émue de l’apparition de la jolie juive dont on lui avait tant parlé, et qui était une nouveauté pour elle. Je ne les ai même pas vus. Mais il y a quelques mois, ma cousine a épousé le neveu de sir Hugo Mallinger, M. Grandcourt, qui est venu s’installer à Diplow, près de chez nous, à la place de sir Hugo.

— Vraiment ! s’écria Mab en frappant des mains. Il arrivera quelque chose. Madame Grandcourt — la duchesse de Van Dyck, — est votre cousine ?

— Oui ; j’ai été sa demoiselle d’honneur, répartit Anna. Sa mère et la mienne sont sœurs. Ma tante avait quelque fortune ; mais, l’année dernière, maman et elle perdirent tout ce qu’elles avaient hérité de leur père. Papa est ecclésiastique, vous le savez, et, comme tel, la différence pour nous n’a pas été grande, si ce n’est que nous n’avons plus d’équi-