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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/246

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vinssiez dans cette maison sans entendre parler de M. Deronda, n’est-ce pas Mirah ?

Mirah sourit pour approuver, mais ne trouva rien à dire. Un mécontentement inexprimable s’était emparé d’elle en entendant cet amalgame de noms et d’images.

— Mon fils appelle madame Grandcourt la duchesse de Van Dyck, continua madame Meyrick en se tournant du côté d’Anna, parce qu’il la trouve remarquablement belle et digne de servir de modèle a un peintre.

— Oui, dit Anna, Gwendolen a toujours été bien belle. Les hommes sont fous d’elle. C’est une pitié, car elle fait bien des malheureux !

— Et comment trouvez-vous M. Grandcourt, l’heureux époux ? demanda madame Meyrick, qui s’était intéressée autant que ses filles aux allusions sur les vicissitudes de l’existence d’une veuve et de ses enfants.

— Papa a approuvé Gwendolen de l’accepter, et ma tante dit qu’il est très généreux, repartit Anna, avec la vertueuse intention d’imposer silence à ses propres sentiments, mais incapable de résister à la rare occasion de s’exprimer librement. Moi, je ne le crois pas très poli ; il est orgueilleux et pas aussi aimable que Gwendolen. Je ne sais pas, mais il me semble qu’un autre mari, plus jeune et plus galant, lui aurait mieux convenu. Peut-être aussi pensons-nous plus mal des autres, parce que nous avons un frère qui nous paraît meilleur qu’eux !

— Attendez que vous ayez vu M. Deronda, dit Mab en faisant un mouvement de tête significatif. Aucun frère ne peut lui être comparé.

— Nos frères peuvent faire de très bons maris, s’écria Kate, quoiqu’ils ne soient pas comme M. Deronda. Aucune femme n’est digne de l’épouser.

— Aucune femme ne devrait vouloir l’épouser, dit Mab