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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/33

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paroles rampèrent toujours sur les diamants, mais seulement pour elle ; pour les autres, c’étaient des brillants qui lui seyaient à ravir, et Grandcourt eut la satisfaction de se dire qu’elle obéissait au mors.

Revenue à Diplow, elle avait dit à sa mère :

— Oui, maman, je suis très heureuse. Ryelands n’a pas trompé mon attente. C’est une bien plus belle résidence que celle-ci, plus grande. Mais avez-vous besoin d’argent ?

— Ne sais-tu pas que, le jour de ton mariage, M. Grandcourt m’a laissé une lettre ? J’aurai huit cents livres par an. Il désire que je reste à Offendene pour le moment, pendant que vous êtes à Diplow ; mais, s’il y avait un joli cottage près du parc de Ryelands, nous pourrions aller l’habiter sans beaucoup de dépense, et je t’aurais peut-être une bonne partie de l’année.

— Il faut laisser faire M. Grandcourt, maman.

— Certainement. C’est admirable de sa part d’avoir dit qu’il payerait la location d’Offendene jusqu’à la fin de juin. Nous pouvons très bien nous suffire sans autre domestique mâle que Crane. Notre bonne Merry demeurera avec nous et m’aidera à tout diriger. Il est naturel que M. Grandcourt tienne à ce que ma maison soit sur un pied honnête dans votre voisinage, et je ne puis qu’y consentir. Ne t’en a-t-il rien dit ?

— Rien ; je suppose qu’il désirait vous l’entendre dire.

Par le fait, Gwendolen avait été désireuse de savoir comment son mari traiterait sa mère ; mais, depuis son mariage, elle n’avait pas osé aborder le sujet avec Grandcourt. Elle avait désormais envers lui un sentiment d’obligation qui ne lui laissa de repos que quand elle lui eut dit :

— C’est très bien à vous d’avoir pensé à pourvoir maman. Vous avez pris une bien grande charge en épousant une fille qui n’avait que des parents pour toute fortune.

Grandcourt, qui fumait, répondit avec insouciance :