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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/354

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LXIV


En attendant, Ezra et Mirah, que Gwendolen ne comprenait pas dans sa pensée sur Deronda, voyaient leurs relations avec lui se resserrer davantage.

Le père Lapidoth avait quitté sa fille, dominé par la possibilité de risquer au jeu l’argent qui lui resterait en sus de ce qu’il lui fallait pour payer sa nourriture, sans aucunement se soucier de la perspective qui l’attendait ni des résolutions qu’il aurait à prendre. Avant d’avoir tout perdu, il ne considéra pas s’il s’adresserait de nouveau à Mirah ou s’il braverait la présence de son fils. Au premier moment, il avait reculé devant l’idée de revoir Ezra, et la bourse de Mirah, qu’il tenait dans ses mains, suffisait pour bannir de son esprit l’idée de nécessités futures. Mais, si l’appétit du jeu est bien autrement fort que l’appétit de l’estomac, encore faut-il faire au moins un repas par jour, et, quoique celui de Lapidoth fût des plus modérés, il ne pouvait apaiser sa faim qu’avec de l’argent comptant. Quand, après une courte visite à une maison ayant pour enseigne « les Pyramides », il eut doublé et triplé d’abord, puis