Aller au contenu

Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à la course qu’il allait faire avec Mirah ; mais, quand elle revint, apportant la tisane pour Ezra, il se rappela tout à coup qu’il avait ôté sa cravate et s’écria :

— Excusez ma tenue ! Je n’aurais pas du me montrer ainsi.

Puis il courut à la petite table pour y prendre sa cravate ; mais, stupéfait de n’y pas voir sa bague, il poussa un cri, et dit : « Bonté du ciel ! où donc est ma bague ? » et il se mit à la chercher par terre.

Ezra jeta des yeux inquiets autour de lui, pendant que Mirah, prompte comme l’éclair, s’était baissée pour chercher aussi, en disant : « L’aviez-vous posée là ? »

— Oui, répondit Daniel, qui croyait sa bague tombée et la cherchait sur le tapis. Mais une affreuse pensée était venue glacer Mirah, qui devint pâle comme une morte.

— Où est mon père ? murmura-t-elle à l’oreille d’Ezra, qui hocha la tête sans répondre ; leurs yeux se rencontrèrent ; ils s’étaient compris. C’était terrible. De nouveau elle se traîna par terre.

— Ne l’avez-vous pas trouvée ? demanda-t-elle précipitamment.

Il vit son regard effaré ; il devina la cause de son trouble et dit :

— Peut-être l’ai-je mise dans ma poche ? en faisant semblant de l’y sentir. Mais elle ne le perdait pas de vue.

— Elle n’y est pas ! s’écria-t-elle ; vous l’aviez mise sur la table !

Aussitôt elle sortit en courant. Daniel la suivit. Elle était descendue voir où était son père ; il ne se trouvait pas dans le parloir. Elle ouvrit la porte de sa chambre à coucher, regarda la place où, d’habitude, il accrochait son chapeau : il n’était pas là ! Alors, se retournant, les mains convulsivement serrées l’une contre l’autre, les lèvres pales, elle alla regarder par la fenêtre. Elle revint ensuite auprès de Deronda, qui, en voyant son agitation, n’avait