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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/81

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Mordecai passa ses journées dans un découragement profond et fut bien près de perdre toutes ses illusions. Il savait que l’étranger, dont il ignorait le nom, devait revenir pour retirer sa bague, et, malgré toutes les chances contraires, son désir de le revoir lui donna la persuasion qu’il le reverrait. Pendant tout le mois de janvier, il ressentit cette agitation croissante qui détourne les gens nerveux de toute occupation stable, comme s’ils étaient à la veille d’un événement attendu. Il ne pouvait plus donner de leçons à Jacob, ni fréquenter le club où il allait au moins une fois par semaine. La seule chose qu’il désirât était de se traîner jusqu’au fleuve, ce qu’il ne pouvait faire que rarement et avec difficulté. Il avait soif du vaste ciel, du spectacle infini des ponts, des lumières flottantes sur l’eau ; cela seul parvenait à le soulager et à le calmer.